Afi et le billet magique

Afi était une élève de CE2, très sociable, toujours souriante et incroyablement intelligente. Elle avait une mémoire si vive qu’elle n’avait même pas besoin d’étudier tous les jours pour briller en classe. Pourtant, Afi n’était pas une enfant sage. Elle aimait inventer des histoires, au point de donner des maux de tête à sa mère. Même quand tout allait bien, Afi trouvait toujours une façon de créer des situations inattendues, sans le vouloir.

Tous les jours, Afi rentrait de l’école avec Baké, sa voisine et meilleure amie. Elles aimaient bavarder et rigoler sur le chemin de la maison, qui n’était pas très loin.

Un jour, alors qu’elles marchaient comme à leur habitude, Afi aperçut un billet de 500 francs flambant neuf par terre. Ses yeux s’illuminèrent aussitôt. Elle s’apprêtait à le ramasser pour l’ajouter à sa collection de pièces quand Baké lui frappa la main.

— Non, ne touche pas à ça ! Ma maman m’a dit que si tu ramasses de l’argent par terre, surtout si c’est celui d’un sorcier, tu pourrais te transformer en mouton ! Ou pire… en canari ! Et tu cracheras des pièces toute ta vie pour le sorcier !

Afi éclata de rire.

— Toi aussi, tu crois à ces histoires-là ? demanda-t-elle en levant les yeux au ciel.

Mais Baké resta sérieuse.

— Je te jure ! Ma mère m’a dit que ça s’est déjà passé pour un enfant. Si tu prends cet argent, je le dirai à ta maman !

Afi hésita. Mais l’envie de prendre ce billet tout neuf était trop forte. Une petite dispute éclata entre les deux amies. Baké insistait pour qu’Afi renonce, mais Afi, déterminée, tenta de ramasser le billet. Soudain, un homme mal habillé, l’air complètement fou, surgit de nulle part et commença à faire des grimaces bizarres.

Afi fronça les sourcils, un peu déstabilisée, mais elle n’était pas prête à abandonner. À chaque tentative d’attraper le billet, l’homme devenait de plus en plus bruyant et agité.

— Il me fait peur… murmura Baké en reculant. On devrait rentrer.

— Non ! protesta Afi. Si on part, quelqu’un d’autre va prendre le billet. Laisse-moi essayer une dernière fois !

Baké, malgré sa peur, eut une idée brillante.

— D’accord, je vais le ramasser pour toi !

Elle se baissa rapidement pour saisir le billet, mais dès qu’elle le toucha, elle trébucha et tomba lourdement au sol, immobile.

— Baké ! Réveille-toi ! Ce n’est pas drôle ! cria Afi en secouant son amie, mais rien ne se passa.

Paniquée, Afi jeta son sac et se mit à courir à toute vitesse vers la maison en criant :

— Maaaaaman !

Essoufflée et en sueur, elle referma le portail d’un coup sec. Sa maman, intriguée, la regarda.

— Afi, qu’est-ce que tu as encore fait cette fois ?

Afi, incapable de parler, tenta d’expliquer. Mais sa mère, impatiente, attrapa une chicotte et dit :

— Si tu ne veux pas parler, je vais te faire parler !

Terrifiée à l’idée de dénoncer son amie, Afi balbutia :

— Baké… Baké est tombée !

Sans attendre, la mère d’Afi l’emmena chez la mère de Baké. Ensemble, elles se précipitèrent là où Baké était tombée. Elles la trouvèrent allongée au sol, entourée de passants, toujours inconsciente. Le billet avait disparu, ce qui soulagea un peu Afi. Mais son amie restait immobile.

Les deux mamans ramenèrent Baké chez elle. C’est alors que sa grand-mère, qui était là ce jour-là, prit les choses en main. Elle sourit calmement et dit :

— Oh, ce n’est rien, elle a juste été effrayée. Je vais lui préparer un bon bain avec mes plantes, et tout ira mieux.

Afi regarda la grand-mère avec admiration. Elle alla chercher des herbes qu’elle fit bouillir et prépara un bain chaud pour Baké. Après quelques minutes, Baké ouvrit doucement les yeux.

— Ça va, ma chérie ? demanda sa maman.

— Oui, maman, répondit Baké en lançant un clin d’œil à Afi.

— Tu vois ? dit la grand-mère en tapotant la tête de Baké. Tu es forte, rien ne peut t’atteindre.

Baké sourit timidement, et Afi poussa un grand soupir de soulagement.

— Je t’écouterai toujours à l’avenir, et je ne toucherai plus jamais à quelque chose qui ne m’appartient pas ! lui promit-elle.

Les deux amies s’enlacèrent. Cet incident les rapprocha encore plus, et Afi décida qu’elle écouterait toujours les conseils de Baké désormais.

Le lendemain matin, alors qu’elle ouvrait le portail pour aller à l’école, Afi se figea. Le fou était là, debout, avec le billet dans sa main, un large sourire sur le visage.

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